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Vous vous posez des questions
pour ré-concilier maladie et travail ?

Cancer et reconversion – « J'ai osé sortir de ma zone de confort en entreprenant un nouveau métier »

Magali a eu un cancer du sein en 2019, elle a essayé de concilier maladie et travail et s’est heurtée à des difficultés dans son entreprise et a dû quitter son poste. Depuis, elle a retrouvé le chemin de l’emploi et sensibilise au cancer du sein en tant que bénévole. Elle partage son parcours avec nous.


Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre expérience de vie de la maladie en quelques mots ?


Je m'appelle Magali, j'ai 43 ans (40 ans à l'annonce de la maladie), mariée, 2 enfants et conseillère en évolution professionnelle.




J'ai vécu l'annonce comme un tsunami en octobre 2019 car aucun antécédent dans la famille, une vie plutôt saine et du sport. J'ai vécu le protocole en plusieurs étapes et mon leitmotiv « chaque jour, une étape ». Je pense finalement m'être débrouillée comme une cheffe avec des hauts, des bas mais j'ai maintenu le cap en continuant le sport, en continuant à travailler au début puis en prenant le temps pour moi. Le cancer a tout changé, m'a changée mais j'ai réussi à garder ce qui me définit : mon optimisme et ma joie de vivre.


Comment avez-vous concilié votre maladie, les traitements, et votre travail ?


J'ai eu un protocole de deux cures de chimiothérapie en 12 séances, une tumorectomie et 33 séances de rayons combinées à 17 séances de thérapie ciblée trastuzumab* toutes les 3 semaines. Bref, le traitement a débuté le 25 octobre 2019 et s'est terminé le 15 novembre 2020. J'ai pu continuer à travailler durant mes premières chimiothérapies car je voulais garder le cap alors que ce sont les chimios les plus difficiles. Je les faisais le jeudi et reprenais le lundi ou mardi À la deuxième cure, je me suis arrêtée plus car cela était trop dur physiquement.

Je me suis arrêtée totalement fin décembre 2019 car je commençais un protocole d'une séance hebdomadaire pendant neuf semaines même si je savais que ces chimios étaient moins fortes, je savais qu'il fallait que je prenne ce temps pour moi et j'étais terriblement affaiblie des premières chimiothérapies.

Au fur et à mesure des traitements, puis après de la chirurgie, je ne me sentais plus l'envie de reprendre, je voulais changer, je sentais que c'était la clé d'un renouveau.


Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?


Le confinement s'est ajouté à ceci. Je réfléchissais à reprendre après la radiothérapie en mi-temps thérapeutique car même si cela faisait cinq ans que j'étais dans l'entreprise, j'appréhendais le regard des autres, ma fatigue… et surtout la direction. Bienveillante au début, finalement ils ont mis un terme à mon questionnement en me faisant parvenir un avertissement en juin 2020 alors que j'étais en plein protocole de radiothérapie et en arrêt depuis plus de six mois ! Je ne pensais même pas cela légal.

Je n'ai donc pas repris. J'ai entrepris par contre grâce à une assistante sociale de la CARSAT un bilan de compétences durant cet arrêt. Cet avertissement avait été un coup de grâce et un réel coup de massue qui m'a anéantie et soumise à consulter pour la première fois de ma vie un psychiatre tant je ne comprenais pas ce geste.

Qu'est-ce qui vous a aidé ? Qu'auriez-vous souhaité ?


Ce qui m'a aidée, c'est l'écriture d'un journal intime depuis octobre 2019 que j'ai transformé en livre en 2021 (non édité à ce jour) La course à pied également, que j'ai toujours continuée. Et bien sûr, mes enfants (10 ans et 7 ans à l'époque). Et surtout, surtout, l'association Jeune & Rose pour laquelle maintenant je suis bénévole !

L'assistante sociale m'avait également recommandé d'établir une demande de RQTH (1) auprès de la MDPH (2). J'ai eu l'accord d'ailleurs très rapidement. Je ne pensais pas avoir besoin de cette reconnaissance et surtout en avoir l'utilité car je ne me sentais pas handicapée. Ce que j'ai appris grâce à cette reconnaissance, c’est que l'acte de reconnaissance RQTH est surtout un acte qui définit qu'à cause d'un accident de la vie, d'une pathologie survenue, nous n'avons plus les mêmes dispositions.

Cette reconnaissance était un plus également pour des financements de formation car l'Agefiph rajoute des financements en plus des financements possibles de Pôle emploi.

J'ai fait un bilan de compétences avec mon CPF après accord de la médecine du travail vu que j'étais encore en arrêt maladie. Mon employeur était donc tenu informé, c'est la seule chose qu'il faut savoir. [NDLR. Pour faire un bilan de compétences ou une autre action de formation pendant l’arrêt de travail, l’accord préalable du médecin traitant est nécessaire et doit être transmis par courrier à la CPAM. Découvrez notre article « Peut-on faire une formation pendant un arrêt maladie ? »]

Grâce au bilan de compétences, j'ai rencontré une personne formidable, psychologue du travail au Greta** qui m'a permis de reprendre confiance et de faire un réel point sur toutes mes compétences et envisager un nouvel avenir. Un an de traitement, cela fragilise le corps mais aussi l'esprit. Entendre de la bouche de quelqu'un que « oui notre parcours est complet, qu'on a plein de compétences en nous à faire valoir », être entendue, comprise avec une réelle bienveillance a été salvateur.

En fait, tout a été très vite, le bilan de compétences m'ayant redonné confiance, j'ai osé sortir de ma zone de confort en entreprenant un nouveau métier comme cela sans préparation finalement car j'ai dû remplacer au pied levé quelqu'un en tant que formatrice. J'étais positionnée sur une formation de "formateur pour adulte" à compter de septembre 2021 grâce à des missions ponctuelles effectuées très rapidement par le plus grand des hasards (même si pour moi il n'y a pas de hasard) lors d'une candidature à la volée pour un centre de formation.

Ce fut un réel grand moment de peur immense que je n'avais jamais connu auparavant après quatorze mois sans activité professionnelle, je me lançais. Ce fut dur, intense mais j'ai réussi car j'étais face à des personnes qui ne connaissaient pas la Magali d'avant. aucune trace de ma maladie, mes cheveux, mes cils, mes sourcils avaient repoussé, ma peau n'était pas cireuse...

Au terme de cette mission, j'ai donc confirmé mon choix d'avoir une certification dans ce métier mais finalement la vie en a décidé autrement car j'ai répondu à un appel de candidatures pour une institution dans le cadre d'un recrutement RQTH et j'ai été retenue. La RQTH a été un plus effectivement à ce moment-là même si plusieurs postes étaient ouverts et que j'aurais pu également candidater dans le cadre du recrutement classique. Cependant, voilà, je pense que ce plus qui à la base est un moins, il faut oser l'utiliser et surtout ne pas en avoir honte. Cela permet des adaptations au poste de travail, des aménagements... bref reprendre une vie professionnelle tout en se préservant.


Quels sont vos projets aujourd'hui ?


À ce jour, rester là où je suis, car je suis comblée et satisfaite de mon nouveau travail depuis quatorze mois maintenant. Je suis actuellement en CDI en tant que conseillère en évolution professionnelle. J'accompagne notamment les gens en projet de reconversion.


Selon vous, comment peut-on améliorer l’accompagnement des personnes malades en entreprise ?


En intervenant en entreprise pour expliquer ce qui se dit, ne se dit pas... il y a tellement de mots qui peuvent blesser.

Si vous aviez 1 seul conseil ou bonne pratique à partager pour mieux concilier maladie et travail, lequel serait-ce ?

S'écouter et surtout parler de nos besoins, de nos difficultés, s'exprimer ouvertement pour qu'il n'y ait pas de malentendus et demander une RQTH .


Merci Magali pour votre témoignage.

Si vous aussi, comme Magali vous souhaitez témoigner de votre expérience de la maladie au travail, contactez-nous à l’adresse alloalex@wecareatwork.com

Pour toutes vos questions, sachez qu’ALLO Alex est là pour vous guider ! Pour rappel, le service est joignable par tous (salariés, managers, dirigeants…) du lundi au vendredi de 9h à 17h au 0800 400 310 (appel gratuit).


 

*trastuzumab : thérapie ciblée d’anticorps monoclonaux pour bloquer la protéine HER2 (ou récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain) qui a la propriété de favoriser la croissance des cellules. Cette protéine HER2 est située à la surface des cellules du sein.

**Greta : les Greta ou groupements d’établissements sont les structures de l'Éducation nationale qui organisent des formations pour adultes dans pratiquement tous les domaines professionnels.

(1) RQTH : reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Découvrez notre série d’articles sur la RQTH (lien)

(2) MDPH : maison départementale des personnes handicapées

Crédit photo : Tous droits réservés

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