La reconnaissance de la qualité de travailleur aidant (RQTA), une innovation au service de l’inclusion

wecare@work
6 oct.
5 min de lecture

Une mère qui a un enfant en situation de handicap, un homme qui s’occupe d’un parent âgé, un frère qui soutient une sœur malade ou encore un conjoint qui accompagne chaque jour sa femme malade... Ces réalités intimes concernent de plus en plus de monde et prennent une importance grandissante dans la société comme dans le monde professionnel.

Pourtant, ce rôle de proche aidant reste encore largement invisible et peu reconnu au travail, alors même qu’il a un impact direct au quotidien.

Conscient de cet enjeu humain, social et économique, le groupe Nestlé en France innove en devenant l’une des premières entreprises à mettre en place en interne une reconnaissance de la qualité de travailleur aidant (RQTA). Ce dispositif pionnier vise à reconnaître officiellement les collaborateurs concernés, tout en leur apportant un soutien adapté.

Plus qu’une mesure RH, il s’agit d’un levier concret pour favoriser l’inclusion, en intégrant pleinement la réalité des aidants dans la culture organisationnelle de l’entreprise.

Pour comprendre les motivations, les défis et les premiers retours de cette démarche, nous avons rencontré Maylis Danné - Directrice Talents & Engagements qui a intégré ce dispositif dans leur dernier Accord égalité professionnelle. Elle nous partage son regard sur ce projet porteur d’avenir.

Retranscription

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Maylis Danné, directrice talents et engagement pour le groupe Nestlé en France.

Le rôle de notre direction est d'animer et de piloter des politiques RH qui ont pour but d'attirer, de recruter, de développer et d'engager les collaborateurs. Cela passe notamment par créer un environnement de travail qui soit inclusif pour tous.

Quels sont les engagements de Nestlé en matière d’inclusion santé ?

L'inclusion santé est vraiment au cœur de notre politique sociale. La santé de nos collaborateurs a toujours été une priorité et très concrètement cela se traduit par des engagements qui sont portés par un programme interne mondial “Healthy Life”.

En France, nous l'avons articulé autour de quatre piliers principaux :

La prévention de la santé physique : avec la promotion de l'activité physique, la prévention des troubles musculosquelettiques…
La prévention pour une meilleure santé mentale : sensibilisation, de tous et des managers en particulier, à tout ce qui touche aux risques psychosociaux, dispositifs de soutien avec des assistants sociaux ou des psychologues…
La prévention autour de l'alimentation et de la nutrition : parce que c’est notre métier, pour permettre à tous nos collaborateurs d'apprendre à bien et à mieux manger.
La conciliation travail et temps de vie : afin d'apporter un soutien concret à nos collaborateurs lors de tout leur moment clé de vie, que ce soit des moments heureux comme la parentalité ou des moments plus difficiles comme la maladie, le handicap ou l'aidance.

Pour accompagner les proches aidants, que mettez-vous en place particulièrement ?

Quand on sait qu’un salarié sur 5 est aidant, et qu’en 2030 cela concernera 1 salarié sur 4, il nous est apparu important et essentiel d'en faire un élément de dialogue social et d'innovation sociale.

À l'occasion de la négociation de notre 4e accord égalité professionnelle, que l'on a signé avec les partenaires sociaux en mars 2025, nous avons mis en place un dispositif qui est entièrement dédié aux proches aidants. Celui-ci qui vise à la fois à :

libérer la parole sur le sujet ;
sensibiliser l'ensemble des collaborateurs ;
reconnaître le rôle des aidants et leur offrir un cadre de soutien concret.

Différentes mesures ont été mises en place :

la reconnaissance de ce rôle des aidants à travers la mise en place d’une RQTA interne ;
des dispositifs de soutien social et psychologique via une plateforme dédiée ;
des dispositions autour du temps de travail car les aidants ont besoin de temps : par exemple 4 demi-journées d’absence par an, plus de flexibilité horaire, un recours prioritaire aux dispositifs de dons de jour et aussi la conversion du 13e mois en temps bénéficiaire.

Concernant la RQTA, pouvez-vous nous en dire plus ?

Cette reconnaissance de qualité de travailleur aidant, la RQTA, c’est un dispositif interne, qui arrive en complément du statut que l'administration française a déjà défini.

Notre RQTA interne permet au collaborateur de bénéficier des mesures que je viens de vous expliquer.

Cela s'adresse à tous les salariés du groupe qui sont contraints de s'occuper d’un proche dont l'état de santé nécessite des soins ou une aide régulière. Le proche aidé peut être un enfant, son conjoint, ses parents, ses beaux parents, ses grands parents, ses frères et soeurs.

C'est une innovation d'avoir ce statut RQTA interne.

Quel est le bilan de ces premiers mois de déploiement ?

Les retours sont évidemment très encourageants parce que les salariés nous ont exprimé une reconnaissance forte pour ces dispositifs qu'on a mis en place. Après bien sûr, il reste encore du chemin à parcourir, il faut rester modeste sur le sujet.

Notamment quand on sait qu'une grande majorité d’aidants n’ont pas conscience qu'ils le sont. En matière de sensibilisation et de libération de la parole, nous allons continuer à promouvoir le dispositif et très concrètement, le 6 octobre par exemple à l'occasion de la journée nationale des aidants, nous organisons un événement dédié.

En quoi Wecare@work vous est utile dans cette action ?

Wecare@work a été pour nous une super rencontre parce que ça nous a permis d'avancer sur le sujet : il faut toujours s'entourer de partenaires dont c’est le métier !

On a fait le choix de la plateforme Alex et de l'offrir à tous nos collaborateurs parce que nous croyons que le bien-être, ça commence par l'autonomie et l'accès à l'information en autonomie. Cette plateforme est super parce qu'elle propose un soutien vraiment riche avec beaucoup de ressources, des formations et aussi une possibilité d'avoir accès à une assistance téléphonique. C'est une interface très intuitive qui vient compléter les dispositifs dont je vous parlais : ça répond à un réel besoin donc on s'en réjouit !

Quel conseil pourriez-vous partager à d’autres entreprises sur le sujet ?

Ce qui me semble important, c'est de ne pas ignorer ce sujet des aidants et de l'inclusion santé parce que c'est à la fois un sujet de responsabilité sociale, un sujet de performance et un sujet d'engagement. En libérant la parole et en soutenant nos salariés proches aidants, on contribue à créer un environnement de travail plus inclusif qui bénéficie au salarié et à tout le corps social.

Un autre point c'est d'inscrire ces discussions dans le cadre du dialogue social pour co-construire : pour nous ça a été de vraies et bonnes discussions.

Enfin, je pense qu'il faut aussi sensibiliser les managers et puis surtout ne pas relâcher ses efforts pour communiquer sur ce sujet qui est encore assez peu mature dans les organisations.

Un dernier mot ou partage pour conclure ?

Je rebondis sur le fait que cette année la santé mentale c'est la cause nationale : ça me semble important de porter une attention particulière aux publics les plus fragiles et les plus à risques dont font partie les aidants.

Collectivement il faut aller plus loin pour améliorer la prévention santé en la matière et prendre conscience que les salariés aidants sont une vraie richesse pour l'entreprise !

Ils développent des soft skills, des compétences comportementales, comme la capacité d’écoute, l'empathie, la résolution de problèmes complexes, la résilience… qui sont des compétences pleinement transférables dans le monde professionnel. Mon dernier mot serait donc de dire que reconnaître leur rôle c'est aussi valoriser ces compétences et leur permettre de les mobiliser dans leur parcours au sein de l'entreprise.

Merci Maylis !

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