1 femme sur cinq touchées par un cancer du sein n’a pas repris une activité professionnelle alors que les traitements sont achevés depuis un an. En effet, 25 à 50 % d'entre elles conservent des séquelles physiques et psychologiques liées à la maladie et ses traitements.
Ces statistiques soulignent un véritable enjeu sociétal : limiter l’impact négatif de la maladie sur le travail, soutenir et accompagner les femmes dans leur vie professionnelle dès le diagnostic du cancer du sein.
Depuis plusieurs mois, Wecare@work travaille en collaboration avec l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dans le cadre de la recherche scientifique ITACA (Intervention pour le retour au Travail Après un CAncer du sein).
« Nous espérons que le projet ITACA aidera les femmes à mieux gérer leur vie professionnelle pendant la période délicate après le diagnostic de cancer du sein et permettra ainsi de limiter l’impact négatif de la maladie sur leur vie professionnelle. »
Gwenn, chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), nous présente le projet ITACA et les enjeux d’une telle étude.
Nous sommes donc ravis de partager ici son témoignage.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
J’ai eu une formation en statistique à l’école d’ingénieur ENSAI puis j’ai réalisé une thèse en épidémiologie. J’ai effectué un post-doctorat aux Pays-Bas avant d’être recrutée comme chercheur à l’Inserm.
Depuis le début de ma carrière, je cherche à mieux comprendre comment les facteurs sociaux impactent la santé des personnes dans le domaine du cancer, du diagnostic à la survie. Mes travaux actuels portent sur la vie professionnelle après un cancer du sein ; j’étudie comment la maladie retentit sur la vie sociale et professionnelle des femmes et mes recherches identifient les groupes qui sont le plus fortement impactés par la maladie et qui doivent donc faire l’objet d’une attention particulière.
En quoi consiste le projet ITACA ?
Le projet ITACA a pour but d’améliorer la vie professionnelle des femmes après un cancer du sein. Pour cela, on va proposer deux outils numériques aux femmes, l’un pour aider à la gestion des séquelles des traitements et l’autre pour aider à gérer la vie professionnelle après le cancer (la web app Alex). Un accompagnement personnalisé complète ces outils, avec plusieurs appels téléphoniques au cours des 12-18 mois suivant le diagnostic.
On mesurera l’effet des outils numériques et de l’accompagnement personnalisé sur le retour au travail et la qualité de vie deux ans après le diagnostic, en comparant un groupe de femmes qui en a bénéficié à un groupe de femmes qui a eu un suivi standard. Je coordonne le projet ITACA en collaboration avec des oncologues, des sociologues et des économistes de la santé. Le projet débute à l’automne 2023 dans une dizaine de lieux en France.
Pourquoi avoir choisi la web app Alex dans le cadre du projet ITACA ?
Nous avons choisi la web app Alex car il s’agit actuellement de l’outil le plus complet sur le marché dans cette thématique. D’un design convivial et ergonomique, Alex couvre toutes les étapes du diagnostic à l’arrêt maladie initial et la reprise du travail. Il comprend de très nombreuses informations sur les droits des personnes malades, les démarches à faire, et les personnes ressources. Il s’appuie sur différents supports : textes, vidéos. Alex a une approche très pragmatique et a pour objectif de rendre les personnes plus autonomes et actives dans la gestion de leur vie professionnelle après la maladie.
Un accompagnement humain et personnalisé sera proposé aux femmes dans le cadre du projet ITACA. Pourquoi une telle décision ?
Les outils numériques permettent une diffusion auprès d’un public large pour un coût limité. Toutefois, il peut être difficile de s’approprier ces outils et d’en exploiter toutes les ressources. L’accompagnement personnalisé permettra de combler ces faiblesses, et de s’assurer que toutes les femmes utilisent et bénéficient des outils numériques de la même façon. Les appels réguliers permettront de maintenir dans la durée la motivation des femmes à utiliser ces outils. Ces appels seront aussi des moments d’échange et l’occasion de répondre à toutes les questions que les femmes peuvent avoir.
Quelque chose de plus à nous partager ?
En France aujourd’hui, près de 4 millions de personnes vivent et ont eu au cours de leur vie un diagnostic de cancer. Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes, et 5 ans après le diagnostic, 9 femmes sur 10 sont toujours en vie. La maladie a bien entendu un effet sur la santé des personnes, mais elle va aussi retentir sur bien d’autres aspects de leur vie et en particulier leur vie professionnelle.
Nous espérons que le projet ITACA aidera les femmes à mieux gérer leur vie professionnelle pendant la période délicate après le diagnostic de cancer du sein et permettra ainsi de limiter l’impact négatif de la maladie sur leur vie professionnelle.
Merci Gwenn pour ton témoignage !
Vous êtes patient ? aidant ? manager ? professionnel des ressources humaines ? Vous aussi vous souhaitez témoigner de votre expérience de la maladie au travail, contactez-nous à l’adresse alloalex@wecareatwork.com.
Pour toutes vos questions, sachez qu’ALLO Alex est là pour vous aider ! Pour rappel, le service est joignable au 0800 400 310 du lundi au vendredi de 9h à 17h (appel gratuit).
Cette recherche est conduite par des chercheurs de l’Inserm et de Gustave Roussy. Elle est financée par l’INCa (Institut National du Cancer).
Crédit photo : MGPhotographies