Le tabou de la maladie concerne tout le monde. Au travail, cela concerne 1 salarié sur 2. La parole des femmes semble cependant plus libérée que celle des hommes sur le sujet : il existe en effet de nombreuses associations dédiées aux femmes, des groupes de patientes sur les réseaux sociaux... Les femmes en parlent plus facilement, elles partagent davantage leurs expériences et leurs conseils pour mieux vivre la maladie.
Comment expliquer cette différence et la difficulté à libérer la parole des hommes face à la maladie ? Allo Alex a interrogé des hommes engagés sur le sujet...
« Les hommes ont besoin de se renseigner, de partager. Il existe une appréhension à parler, à se confier. Il y a une écoute et des conseils dans le milieu féminin, qu'il n'y a pas chez nous. Les femmes sont plus sensibilisées au cancer du sein que nous à celui de la prostate par exemple. Ce dernier occasionne plusieurs dysfonctionnements, urinaires, problèmes de testostérone, perte de libido... Il est difficile pour les hommes d'aborder ces sujets. » Christophe, ambassadeur de Cerhom dans la Drôme et l’Ardèche, en rémission d’un cancer de la prostate.
Les femmes prennent plus la parole sur le sujet de leur maladie, elles témoignent plus : dans les médias, au sein des entreprises… Parallèlement, elles semblent également utiliser davantage les outils à leur disposition. À titre d'exemple, peu d’hommes participent au job dating co-organisé avec Cancer@Work.
« J'ai pu le constater dans le job dating Cancer@Work. Sur les 10 bénéficiaires lors de notre session, j'étais le seul homme. J'en fus le premier étonné. » Mathieu, en rémission d’une leucémie
« Il n’y a pas beaucoup d’hommes dans les personnes qui participent, c’est un peu dommage. Je pense que cela viendra petit à petit. La parole des hommes doit encore se libérer. Les actions que nous mettons en place y contribuent. Un jour, ce sera plus facile. » Pascal, créateur de Balafres, en rémission d’un cancer.
Comment donc contribuer à libérer la parole des hommes au sujet de la maladie, dans le monde du travail notamment ? Il est important de pouvoir sensibiliser l’ensemble des collaborateurs, des managers et des directions, en s’appuyant sur les ressources dont elles disposent et qui seraient prêtes à en parler. Mieux on pourra parler de la maladie au masculin comme au féminin, mieux les personnes se sentiront accompagnées en entreprise et soutenues. Cela passe par la sensibilisation et la déconstruction des préjugés liés à la maladie.
Déconstruire les préjugés
Pour lever les tabous, il est nécessaire de déconstruire les préjugés inhérents à la maladie. Injonction à la virilité, peur de montrer sa vulnérabilité…
« L'homme, c'est celui qui est fort, qui ne doit pas montrer ses faiblesses. Ce n'est pas naturel pour lui de se confier. » Christophe
« Peut-être que cela a un rapport avec l'expression de ses sentiments, de ses peurs. La maladie fait peur à tout le monde que l'on soit un homme ou une femme. Mais ne demande-t-on pas aux garçons d'être “des bonhommes” face à la peur ? "Sois courageux ! Ne te plains pas ! Sois pas une femmelette !” La femme n'a pas forcément ce dictat à respecter. Une femme laisse exprimer ses émotions et “c'est normal !” Est-ce un des pourquoi les hommes en parlent peu ? Peut-être… » Mathieu
« Je pense que c’est lié aux vieux stéréotypes masculins de la société. Il est sans doute à ce jour plus difficile pour les hommes d’accepter une part de vulnérabilité ou d’avouer une fragilité. » Patrick, atteint d’un neurolupus
Concrètement comment faire ?
« Peut-être en mettant vraiment en avant les forces nouvelles que nous a apportées l'expérience de la maladie ? » Mathieu
Comme le souligne Mathieu, la maladie, bien qu’un moment difficile, peut souvent faire émerger de nouvelles richesses issues des expériences.
C’est important aussi de pouvoir dire quand cela va mal.
« Il y a une conception rigide de la masculinité qui empêche d'avancer. Face à ça, je dis : “Venez, laissez ces concepts de virilité de côté et confiez vous, cela permettra d'aller mieux” Il est impératif de se confier. Le mal être masculin est bien réel.
« Pour contribuer à libérer la parole des hommes, on peut créer des endroits ou des lignes téléphoniques dédiées à la spécificité de mon cancer ou un site dédié. Chez Cerhom, par exemple, j'ai découvert l'écoute, qu'il existait d'autres traitements... J'ai reçu des conseils pour prendre du recul avec la maladie...
« Il est possible de donner des informations sur les lieux de travail, à travers l’organisation d'ateliers, pour sensibiliser aux différentes pathologies, à la prévention et aux solutions de guérison qui existent. » Christophe
En bref… La maladie ne définit pas la personne. Elle fait partie de la vie. C’est important que la personne en situation de maladie puisse se sentir en confiance et accompagnée au travail, que ce soit une femme ou un homme évidemment ! Libérer la parole est une clé du mieux être de tous !
« Pour remporter ce combat face à la maladie et pour le gagner, l'aspect psychologique est primordial. » Christophe
Merci à Mathieu, Pascal, Christophe et Patrick pour leurs témoignages.
Retrouvez toutes les informations sur Movember sur les réseaux sociaux
Si vous aussi, comme Mathieu, Pascal, Christophe et Patrick vous souhaitez témoigner de votre expérience de la maladie au travail, contactez-nous à l’adresse alloalex@wecareatwork.com
Vous souhaitez participer au job dating de Cancer@Work, un événement solidaire gratuit en partenariat avec Wecare@Work. Il reste des places pour le prochain job dating. Infos et réservations contact@canceratwork.com
Suivez notre actualité !
Pour toutes vos questions, sachez qu’ALLO Alex est là pour vous aider ! Pour rappel, le service est joignable au 0800 400 310 du lundi au vendredi de 9h à 17h (appel gratuit)
* Movember : c’est une association qui a pour objectif de changer le visage de la santé des hommes. Ses sujets de prédilection : le cancer de la prostate, le cancer des testicules, la santé mentale et la prévention du suicide.
** Cerhom : c’est une association nationale qui a pour vocation de sensibiliser aux cancers masculins (prostate, testicule). Vous êtes concerné ? Vous êtes aidant•e ?
Cellule d'écoute avec permanences téléphoniques :
les lundis de 19h-23h :
07 82 33 15 72, pour le cancer du testicule;
06 41 22 41 51, pour le cancer de la prostate
les mercredis de 19h-23h : 07 82 33 15 72, permanences assurées par un médecin oncologue cancers masculins, où les patients auront des réponses médicales.
*** Balafres : Créé par Pascal, Balafres est un site internet ayant pour but de réunir un grand nombre d’explications dont les hommes pourraient avoir besoin, pour les aider à mieux vivre la maladie.
Crédit photo : Canva
Comentarios