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pour ré-concilier maladie et travail ?

Concilier trouble bipolaire et travail

Dernière mise à jour : 17 janv.

En France, entre 650 000 et 1 600 000* personnes seraient touchées par la bipolarité. Il convient de noter que de nombreux médecins et experts estiment que ces chiffres sont très probablement sous-évalués.


La bipolarité, également connue sous le nom de trouble bipolaire, est une maladie mentale complexe. Elle se caractérise par des changements d'humeur, passant de périodes d’élévation de l’humeur, appelées épisodes maniaques ou hypomaniaques, à des épisodes dépressifs. Ce trouble peut avoir un impact significatif sur la vie quotidienne, les relations interpersonnelles, la carrière professionnelle et la santé globale d'une personne.


Pour Tibo :

« La société, et particulièrement le monde du travail, induit que je cache mes symptômes, de veiller à ce qu'ils ne s'expriment pas trop fort, que je préserve les gens qui traversent le chemin de mon mal-être, que je veille, finalement, à ne pas trop tâcher mon milieu avec ma maladie. Ce cadre dissonant dans lequel je suis forcé d'évoluer renforce les effets délétères de la maladie. »

La bipolarité est considérée comme un trouble chronique et récurrent, nécessitant souvent un traitement médical et une prise en charge appropriée. Elle peut survenir à tout âge, bien que la plupart des cas se développent à l'adolescence ou au début de l'âge adulte. Les symptômes de la bipolarité varient d'une personne à l'autre et peuvent même varier chez une même personne au fil du temps.


Le diagnostic de la bipolarité repose sur une évaluation clinique approfondie, comprenant l'observation des symptômes, l'historique médical et l'élimination d'autres causes possibles. Bien qu'il n'y ait pas de remède définitif pour la bipolarité, un traitement approprié peut aider à atténuer les symptômes et à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes. Les options de traitement comprennent généralement une combinaison de médicaments stabilisateurs de l'humeur, de psychothérapie et de soutien social.


Touché par un trouble bipolaire, Tibo nous partage son parcours professionnel, ses difficultés, ce qui l’aide au quotidien et son intégration chez Wecare@work !


Nous sommes donc ravis de partager ici son témoignage.


Peux-tu te présenter en quelques mots ?


Je m'appelle Tibo, j'ai 30 ans et je suis diagnostiqué bipolaire depuis un peu plus de 10 ans maintenant. Je suis sensible aux sujets qui constituent en partie mon handicap, la dépression, les troubles de l'humeur, les troubles de l'attention, et les neuroatypies en général. J'ai toujours été conduit par la passion que j'ai des choses, je m'intéresse à plein de trucs (trop de trucs), je m’émerveille et ça me fait avancer.


La bascule dans le côté obscur s'est faite pour moi à la fac, quand j'adorais absolument ce que je faisais, mais que je ne parvenais pas à valider mes semestres. Je n'ai pas toujours pu me présenter aux examens à cause notamment de divers retentissements psychiatriques, et j'ai donc été en échec, « ajourné », « défaillant » - il est fou ce mot « défaillant », vous ne trouvez pas ? À cette période, j'ai compris que j'allais vraiment mal, et aussi que c'était dommage d’être dans un monde où la réussite est administrée par des règles qui ne tiennent pas tellement compte de la santé. Je n'ai pas pu servir l'obligation académique et je m'en suis trouvé comme un apatride de la formation. Par la suite, je n'ai jamais pu tenir un emploi plus de 2 semaines. Bref, j'aime dire que j'ai été en errance « académico-profesionnelle ».

Après beaucoup d'années en « défaillance », en errance, en souffrance, après avoir entamé une randonnée de soin par mauvais temps avec psychologues, psychiatres, médicaments et différents rituels administratifs ésotériques pour qu'on reconnaisse sur paperasse que je n’allais pas très bien, j'ai entrepris de renouer avec une vieille passion et le monde professionnel. La période de remise en selle n'a pas toujours été facile, mais je valide un titre à l'issue d'une formation de développeur web et web mobile, en 2020, je suis content. Puis s'ensuit une nouvelle période dépressive, vécue en solidarité internationale, provoquée par la COVID, je suis moins content. Je n'ai pas pu trouver un emploi faisant logiquement suite à ma nouvelle qualification, et j'ai donc replongé dans l'ombre. En 2022 je tente de reprendre et poursuivre mon ascension passionnée avec une nouvelle formation, Concepteur Développeur d'Application, et je suis actuellement vers la fin du film, je devais trouver un stage en entreprise, et me voilà, coucou Wecare@work :).


Comment s'exprime ta maladie, est ce que c'est dur de la concilier avec le travail ?


Mon handicap fait partie des « handicaps invisibles ». Il faut constamment rappeler que je suis en situation de handicap, sous peine de devoir être placé dans un moule social ordinaire, pour quelqu'un de normal, non malade. Je suis incapable d'assumer une telle étiquette sur le long terme, et quand la maladie s'exprime de façon manifeste, le moule se rompt et c'est violent pour tout le monde. Je me mets d'ailleurs facilement moi-même dans ce rôle. Il est très dur de mettre en place des stratégies pour garantir ses intérêts, son bien-être, le respect de sa santé dans un monde qui, souvent au mieux, « sait », « est au courant » de mon présupposé handicap, et au pire qui oublie tout simplement ma condition et ce qu'elle implique.


La société, et particulièrement le monde du travail, induit que je cache mes symptômes, de veiller à ce qu'ils ne s'expriment pas trop fort, que je préserve les gens qui traversent mon chemin de mon mal-être, que je veille, finalement, à ne pas trop tâcher mon milieu avec ma maladie. Ce cadre dissonant dans lequel je suis forcé d'évoluer renforce les effets délétères de la maladie.


J'ai des troubles du sommeil, des troubles de l'attention, et des troubles de l'humeur. Cela dit, avec le temps et des bonnes rencontres, j'ai pu gagner en confiance et devenir le manager relou de mes humeurs. Tout n'est pas simple bien sûr, mais avec l’expérience de me gérer, j'ai appris à mettre en place beaucoup de stratégies préventives, et je m'assure de double-checker tout ce que je fais. Plus largement, pour mitiger d’éventuels futurs effets négatifs, j'ai acquis une grande autonomie, une grande conscience de moi, et une bonne organisation. J'ai appris à me projeter plus justement dans mon implication, à faire des choix plus optimaux dans mes projets en général, je sais où et quand je dois mettre de l’énergie pour atteindre un résultat.


De plus, je n'ai pas le temps ni l’énergie pour le paraître, je ne suis pas discret sur ce que je pense. J'ai appris à m'exprimer clairement, et à pointer du doigt ce qui me dérange. J'aime constater qu'en général les gens apprécient ma franchise et mon besoin de comprendre ce qu'on me demande.

C'est dans un cadre de travail qui tient compte de ces différents paramètres que j'arrive à évoluer pour le mieux. Chez Wecare@work, j'ai pu constater toute l’énergie que j'étais capable d'investir dans un projet, qui a du sens pour moi, et ça m'a beaucoup rassuré vis à vis de mes années de galères précédentes. Je suis en capacité de m'éclater, et ça, ça n'a pas de prix 😎.


Pourquoi as-tu choisi de rejoindre l’équipe Wecare@work ?

En explorant les entreprises chez qui j'aimerais faire mon stage pour valider ma formation, j'ai pu répondre à l'offre de stage de Wecare@work. Il se trouve qu'une phrase a retenu mon attention : iels recherchaient une « pépite pour une mission de "malades" », je suis allé me renseigner, et j'ai vu la place - juste - qu'occupe le sujet de la maladie au travail chez elleux. La mission de « malades », était une mission de malades, avec des malades, pour des malades (mais pas que). Je comprend l’enjeu Wecare@work, je comprends que le projet fait sens mais surtout qu'il est nécessaire et donc je réponds au mail, avec une attitude de type « ok trop stylé, je vais là-bas », j'arrête alors ma recherche d'entreprise et j'attends qu'ils m'embarquent avec eux.

J'ai choisi Wecare@work parce qu'ils participent à rendre le monde meilleur en permettant la cohabitation entre la maladie et le travail, en déchargeant une petite partie du fardeau de l'épaule des gens, et encore mieux : en faisant une force, plutôt qu'une faiblesse à vivre dans son coin, comme c'est traditionnellement le cas.


Étant moi même en difficulté dans mon quotidien, en tant que malade, mais aussi en tant qu'aidant, j'avais besoin d'être reçu dans une entreprise formée à la question, et je crois que j'ai trouvé la meilleure adresse.


PS : Gros big up au dispositif Emploi Accompagné qui, grâce à son aide précieuse, m'a permis de prendre connaissance de l'offre de stage et de prendre contact avec Wecare@work (coucou Marie-Laure et Xavier 🙂)


Qu’est-ce que cette expérience peut t’apporter ?

Eh bien, en plus de la très chouette et classique montée en compétences, je gagne surtout la validation de ma capacité à avancer malgré la bipolarité. Il « suffisait » (emploi de sarcasme assez fort) que je trouve un cadre de travail respectueux pour m'assurer de ma légitimité en tant que travailleur. Ici on m'a donné tout ce qu'il faut pour vivre la meilleure période pro de ma vie. Et tout cela a des retentissements positifs sur mon quotidien, après le travail. Cela m'a apporté de nouveaux gens chouettes dans ma vie, un regard nouveau et plus serein du monde de l'entreprise, et beaucoup de confiance en moi 😁.


Un message particulier à faire passer aux employeurs sur le sujet ?

Pour commencer, j'aimerais éviter de faire ce que j'appelle du « neuro washing », je n'ai pas envie de vendre que c'est mieux d'engager quelqu'un de neuro-atypique (c'est un discours que je vois parfois sur les réseaux), bien sûr que tout n'est pas rose. J'aimerais qu'on se méfie de cette image parfois romancée maladroitement mise en avant des troubles de l'humeur et autres neuroatypies, on est parfois vécu comme si on possédait un cerveau rayonnant de super pouvoirs, et ça n'est pas rendre service à des gens qui sont victimes de leur maladie et qui souffrent au quotidien, dans le silence et l'ombre du biais du survivant (mise en avant des cas de réussite), et du biais d'attrition (exclusion d'une partie de l'échantillon).

Introduction critique aux propos faite, je voudrais demander aux employeurs et au monde du travail de faire confiance aux gens. Malade ou non, quand on est respecté et considéré pour ce que l'on est, tout est plus puissant par la suite, on donne tout ce qu'on a quand on est dans un environnement bienveillant. Être malade, c'est une compétence en soi car c'est assumer un parcours du combattant hors norme au quotidien, et bien sûr que cela permet de développer des compétences personnelles qui peuvent servir, aussi, au projet de l'entreprise. La maladie peut toucher tout le monde, par ailleurs elle existe aussi au travail, et pas qu'à l’extérieur du monde de l'entreprise, il est temps qu'on l'accepte, avec maturité.

Un environnement professionnel acceptant, accueillant, est la condition sine qua non d'accès à ces compétences, parfois incroyables, que les combattant.es de la maladie ont acquises. Il faut comprendre que les malades n'ont pas le choix de leur maladie, et que décupler sa capacité de résilience fait partie des nombreux talents que cela révèle. Je n'ai jamais autant donné d’énergie, je ne me suis jamais aussi bien senti sur un navire qu'avec de telles conditions.


Tu pourras dire que tu as réussi si… ?

Si j'arrive à affronter la difficulté, si j'arrive à garder la confiance, si j'arrive, enfin, à avoir une place pérenne dans le monde du travail, si j'arrive, en fait, à honorer mon envie de travailler et de faire des choses qui ont du sens, je pense que j'aurai réussi.

J'aurai atteint, par l'exemple concret, ce stade que je n'espérais plus, ou je ne suis pas coincé seul dans ma maladie. Cela voudra dire que je suis légitime et capable.

Pour conclure, souhaites-tu partager quelque chose en particulier ? Une passion ? Une citation ? Une œuvre ?

Oula, trop de trucs. Bon en gros, cultivons notre conscience du monde et rêvons.


En vrac, et parce que je vais essayer de rester raisonnable : Les conférences d'Etienne Klein, les cours de zététique de Richard Monvoisin, La revue Science et Pseudo-science de l'AFIS, les travaux du Shift Project, les travaux d'Aurore Stephant chez SystExt, la BD Le monde sans fin de Jancovici et Blain, le spectacle l'Exoconférence d'Alexandre Astier, les séries X-Files et Babylon 5, la saga de films Alien, le jeu vidéo Portal, la saga de jeux vidéo et la musique de Doom, l'anime et la musique de Cowboy Bebop, la musique Nuclear de Mike Oldfield, le livre The Dictionary of Obscure Sorrows de John Koenig.


Des citations que j'aime bien : « Faut pas respirer la compote, ça fait tousser. » -Kadoc, Kaamelott.

« L’imagination est plus importante que le savoir. » -Albert Einstein.


Bon et là j'angoisse parce qu’il y a trop de trucs, et j'oublie tout, et une vie c'est très court, on aura pas le temps de tout connaître, donc je m’arrête là.

Merci pour cet entretien, prenez soin de vous :).


Merci Tibo pour ton témoignage et bienvenue chez Wecare@work 😉.


Vous êtes patient ? aidant ? manager ? professionnel des ressources humaines ? Vous aussi vous souhaitez témoigner de votre expérience de la maladie au travail, contactez-nous à l’adresse alloalex@wecareatwork.com.


Pour toutes vos questions, sachez qu’ALLO Alex est là pour vous aider ! Pour rappel, le service est joignable au 0800 400 310 du lundi au vendredi de 9h à 17h (appel gratuit).

 

*Source : Les troubles bipolaires - Fiche d'information, Santé Publique France, 2014 :

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