Après une longue absence pour maladie ou lorsqu’une pathologie engendre des contraintes au travail ou encore lors d’une situation de handicap, l’employeur peut être amené à trouver des solutions pour le maintien en emploi de ses collaborateurs. Comment faire ? Par où commencer ?
Alexandra Champailler, Directrice des ressources humaines pour l’entreprise Evolutis et Mounir Ghedbane, médecin coordinateur du centre de santé au travail CIAMT ont accepté de répondre aux questions d’ALLO Alex pour vous transmettre leurs clés pour un maintien dans l’emploi facilité.
Alexandra Champailler, en tant que DRH, comment accompagnez-vous vos salariés concernés par la maladie ?
Alexandra Champailler : S’il y a une absence pour maladie de longue durée, il est important de garder un lien avec le salarié. Ce peut être par téléphone, par mail, par un courrier glissé avec le bulletin de paie ou encore par des visites physiques lorsque le salarié absent a lié de bons liens avec ses collègues de travail (et s’il le souhaite évidemment).
Il est important que le salarié absent ne se sente pas oublié et puisse continuer à recevoir les informations importantes de l'entreprise. Aussi, par courriel, nous lui communiquons les notes de service. Cela lui permet de ne pas se déconnecter de l'entreprise et de se sentir toujours considéré par elle.
En ma qualité de DRH, je peux, si cela est possible, proposer au salarié de passer dans l'entreprise, de voir ses collègues et de le rassurer sur les changements qui ont pu s'opérer durant son absence.
Le contact à fréquence mesurée avec le salarié absent est aussi un moyen de reconnaissance et d'estime du salarié. Ce contact permet également d'anticiper l'absence. Je conseille toujours au salarié absent de prendre contact avec la médecine du travail pour la visite de pré-reprise pour préparer au mieux son retour en entreprise. Cette visite est le point de départ du compte à rebours pour l'entreprise pour s'organiser autour des contraintes qui seront éventuellement prononcées par le médecin du travail, pour informer les managers et les équipes de ce retour. Il est important que le salarié absent retrouve son cadre de travail et ses repères.
Comment l'aidez-vous à maintenir sa place en emploi ?
A.C. : L'absence du salarié pour maladie de longue durée peut entraîner des dysfonctionnements en interne. Il faut souvent le remplacer par un contrat à durée déterminée la plupart du temps. Le salarié absent aura la crainte de ne pas retrouver son poste de travail si son remplaçant est jugé plus performant que lui. Dans ce cas, aucun doute ne doit subsister. Il est important selon moi d'être clair avec les deux salariés et donc d’instaurer un bon climat de communication.
Après la visite de pré-reprise, les RH, le manager et les équipes pourront être informés de la date du retour du salarié. À ce moment-là, il est important que tous dialoguent sur les aménagements possibles dans l'organisation du travail pour favoriser le maintien dans l'emploi du salarié absent. Les services de médecine du travail mais aussi l'ergonome ou encore Cap emploi sont des aides précieuses afin de mieux étudier les adaptations nécessaires.
Qu'avez-vous mis en place pour améliorer la prise en compte de la maladie dans votre entreprise ?
A. C. : Au sein de mon entreprise, j'ai créé un formulaire de suivi des situations particulières de travail. Ainsi j'assure des points de suivi réguliers entre le salarié et le manager afin de s'assurer que les aménagements sont bien adaptés aux contraintes du salarié.
La communication auprès des équipes est importante afin que le salarié retrouve pleinement sa place. Dans mon entreprise, nous organisons par exemple un café pour le retour du salarié avec son équipe et son manager. Nous favorisons un maximum les contacts avant la reprise. Nous nommons également un tuteur chargé du suivi du salarié.
Dr Mounir Ghedbane, en tant que professionnel de la santé au travail, pour vous, quels sont les dispositifs incontournables sur lesquels doivent s'appuyer les employeurs pour favoriser le maintien en emploi de leurs collaborateurs malades ?
Dr Mounir Ghedbane : Les employeurs peuvent être partie prenante et bénéficier de dispositifs favorisant le maintien dans l'emploi, comme l'essai encadré, un dispositif de l'Assurance maladie qui permet de préparer les conditions optimales et sécurisantes du retour en emploi, durant la période d'arrêt de travail, avec la participation de l'Assurance maladie (médecin conseil, service social), le médecin du travail, le Cap emploi.
L'employeur peut, lorsqu'il repère des signaux faibles de risque de désinsertion professionnelle, proposer au collaborateur l'accompagnement par le médecin du travail, du Cap emploi, du référent handicap ou d'autres acteurs, afin d'adapter la situation de travail. D'une part pour éviter l'aggravation de l'état de santé du collaborateur et d'autre part pour assurer son employabilité durable. Plusieurs dispositifs existent : la visite occasionnelle à la demande, l’étude de poste, la reconnaissance de la qualité de travailleur en situation de handicap (RQTH), des aides financières à l'aménagement de la situation de travail, les prestations d'appui spécifique pour les personnes en situation de handicap (bénéficiaires de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (BOETH), le bilan de compétences, la transition/évolution et formation professionnelle, une politique de gestion des emplois et parcours professionnel, le contrat de rééducation professionnelle en entreprise...
Comment accompagnez-vous les collaborateurs en situation de maladie et de handicap ayant des difficultés à se maintenir à leur poste initial ?
Dr M. G. : Des solutions existent : les accompagner pour identifier des postes de reclassement au sein de l'entreprise, ou le cas échéant travailler sur une réorientation professionnelle nouvelle, en dehors de l'entreprise, en mobilisant des dispositifs de droit commun comme le bilan de compétences, le conseil en évolution professionnelle (CEP), la formation, et des dispositifs pour les bénéficiaires de l'obligation d'emploi (OETH) comme : les prestations d'appui spécifiques de l'Agefiph mobilisables par le Cap emploi, le maintien dans l'emploi des salariés en arrêt de travail ou activité, il y en a plusieurs en fonction du type de handicap (psychique, sensoriel, moteur) ou encore Inclu’Pro Reconversion*. Un nouveau dispositif proposé par l’Agefiph qui permet de travailler sur un nouveau projet compatible avec l'état de santé et s'engager dans une formation adaptée.
Merci à tous les deux pour vos témoignages.
Si vous êtes malades chroniques et/ou en situation de handicap et que vous avez bénéficié d’un accompagnement pour vous maintenir en emploi, si vous souhaitez témoigner de votre expérience de la maladie au travail, contactez-nous à l’adresse alloalex@wecareatwork.com
Pour toutes vos questions, sachez qu’ALLO Alex est là pour vous aider ! Pour rappel, le service est joignable au 0800 400 310 du lundi au vendredi de 9h à 17h (appel gratuit)
*Inclu’Pro Reconversion et Inclu’Pro Formation sont des dispositifs de l’Agefiph afin d’élaborer et valider un projet professionnel, d’identifier les compétences acquises, transférables, transversales, se remettre à niveau sur les savoirs de base, acquérir des compétences sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) et qui prend en compte le handiCap dans le cadre du parcours de formation.
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