Chaque année en France, environ 54 000* femmes sont touchées par un cancer du sein. Parmi ces femmes, des femmes actives : indépendantes, contractuelles, salariées, managers, dirigeantes et aussi professionnelles des ressources humaines. Une fonction qui n’est pas épargnée par les nombreuses questions qui peuvent se poser et par les difficultés.
Maureen partage :
« j’aurais eu besoin d’être accompagnée dans ma volonté individuelle de faire évoluer les pratiques de l’entreprise vis-à-vis de la maladie (notamment du cancer), et de former équipes, managers et direction dans la manière d’accueillir ou de favoriser la parole en entreprise ».
Maureen est diagnostiqué à 31 ans d’un cancer du sein une première fois, puis une seconde fois 20 ans plus tard. Elle nous livre son expérience de la maladie, la conciliation maladie/travail en tant que DRH, et de l’importance de libérer la parole sur ce sujet dans les entreprises.
Nous sommes donc ravis de partager ici son témoignage.
Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre expérience de vie de la maladie en quelques mots ?
Je m’appelle Maureen, j’ai exercé comme DRH au sein d’entreprises internationales pendant 20 ans. Mon 1er cancer du sein in situ est diagnostiqué à 31 ans, ayant palpé une masse suspecte. Mes doutes se confirment et j’ai la chance d’être opérée quelques jours seulement après les résultats (tumerectomie). A l’époque, j’en parle assez peu pour rassurer mon entourage et moi-même !
20 ans plus tard, il m’est diagnostiqué un deuxième cancer au même sein, toujours in situ. Je décide alors d’une double mastectomie fin 2020, et cette fois-ci, j’en parle à tout le monde ! Je décide aussi de sauter le pas et de m’installer à mon compte.
Comment avez-vous concilié votre maladie et votre travail ?
Pour mon premier cancer, je me suis totalement consacrée à mon nouveau poste en parlant peu de mon cancer. Je débutais ma carrière dans les RH, et je me suis concentrée sur ce nouveau challenge, me permettant aussi de donner moins d’importance à ce cancer dans mon esprit !
Pour le second, j’avais au contraire besoin d’en parler beaucoup autour de moi, et de me réaliser professionnellement en créant ma société. J’ai bénéficié du soutien et la compréhension de mes employeurs depuis toutes ces années, ce qui est une chance incroyable ! Je n’ai pas bénéficié d’accompagnement spécifique mis à part d’avoir pu témoigner de mon expérience au travers de sessions de partage collectives avec d’autres collègues ayant eu à faire face à un cancer, lors de formations sur le leadership ou encore lors d’échanges individuels ou collectifs lorsque la situation se justifiait.
Qu’est-ce qui vous a aidé ? Quelle(s) difficulté(s) avez-vous rencontrée(s) ?
Les dirigeants et les équipes des entreprises dans lesquelles j’ai travaillé ont fait preuve de bienveillance et d’ouverture d’esprit, sans pathos : je ne voulais surtout pas être considérée avec pitié ! Mes employeurs m’ont laissé la liberté de leur exprimer ce dont j’avais besoin.
Une difficulté rencontrée à la suite de mon second cancer. Lorsque j’ai lancé mon activité, j’ai eu l’impression d’une dégradation cognitive : par exemple faire une règle de trois me demandait un effort considérable, alors que j’avais toujours manié cela avec facilité ! Me former sur le sujet des neurosciences m’a permis de me spécialiser dans ma pratique professionnelle, mais également de trouver la cause médicale responsable de cette dégradation cognitive et de me soigner (la thyroïde !).
De quoi auriez-vous (eu) besoin ?
J’aurais eu besoin d’être accompagnée dans ma volonté individuelle de faire évoluer les pratiques de l’entreprise vis-à-vis de la maladie (notamment du cancer), et de former équipes, managers et direction dans la manière d’accueillir ou de favoriser la parole en entreprise !
Selon vous, comment peut-on améliorer l’accompagnement des personnes malades ?
Pour les employeurs : organiser des temps de prise de parole et/ou de témoignages, favoriser des échanges sincères, sans tabous, bienveillants et pouvoir accompagner et rassurer les salariés vis-à-vis de leur absence, leur retour au travail, ou encore leur statut d’aidant.
Pour les entrepreneurs : pouvoir être informé des dispositifs d’accompagnement et de prise en charge mais aussi de pouvoir contribuer activement en faveur de la prévention et l’amélioration des conditions de travail des personnes atteintes directement ou indirectement par le cancer, et contribuer à une meilleure connaissance et appréhension de cet enjeu au sein des entreprises.
Si vous aviez 1 seul conseil ou bonne pratique à partager pour mieux concilier maladie et travail, lequel serait-ce ?
Mon conseil serait de permettre à chaque personne de l’entreprise de décider comment souhaite-t-elle être traitée tout en lui offrant le temps et le cadre nécessaire pour en discuter de manière confidentielle et rassurante, au moyen d’interlocuteurs internes et/ou externes formés à recevoir cette parole. ALLO Alex par exemple !
Quelque chose de plus à nous partager ? Une passion ? Une citation ? Une œuvre ?
« Quand j'ai été écouté et entendu, je deviens capable de percevoir d'un œil nouveau mon monde intérieur et d'aller de l'avant. Il est étonnant de constater que des sentiments qui étaient parfaitement effrayants deviennent supportables dès que quelqu'un nous écoute. Il est stupéfiant de voir que des problèmes qui paraissent impossibles à résoudre deviennent solubles lorsque quelqu'un nous entend. » Carl Rogers, psychologue humaniste, créateur de l'écoute active, Le Développement de la personne.
Merci Maureen pour votre témoignage !
Vous êtes patient ? aidant ? manager ? professionnel des ressources humaines ?
Vous aussi vous souhaitez témoigner de votre expérience de la maladie au travail, contactez-nous à l’adresse alloalex@wecareatwork.com.
Pour toutes vos questions, sachez qu’ALLO Alex est là pour vous aider ! Pour rappel, le service est joignable au 0800 400 310 du lundi au vendredi de 9h à 17h (appel gratuit).
* INCa, « Les cancers en France », édition 2015 [consulté le 23 mars 2023]
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