Maladie, handicap, proche aidance : une compétence au travail ?

Les situations de maladie, handicap ou proche aidance ne sont encore trop souvent vues qu’à travers le prisme des contraintes : absentéisme, fatigue, perte de productivité… Résultat : beaucoup de personnes concernées se sentent moins légitimes au travail, nombre de managers appréhendent ces situations et malheureusement certaines discriminations peuvent s'installer.

Pourtant, différentes études montrent que ces expériences de vie développent des compétences puissantes – humaines, organisationnelles, stratégiques – qui peuvent devenir de vrais atouts au travail. Les nombreux témoignages du blog l'expriment aussi, comme celui de Magali ou d'Audrey

Des compétences renforcées par l'épreuve

Les études sur les soft skills montrent que les compétences comportementales – communication, empathie, gestion de l’ambiguïté, adaptabilité – deviennent centrales dans tous les métiers.

Or, ce sont précisément les compétences que l’on retrouve chez de nombreuses personnes en situation de maladie, de handicap ou de proche aidance. Plusieurs référentiels récents, comme celui sur les compétences transverses des salariés-aidants, insistent sur :

• la capacité à gérer des situations complexes et imprévisibles ;

• l’organisation et la priorisation sous contrainte de temps ;

• la résolution de problèmes dans l’urgence ;

• la communication avec des interlocuteurs multiples (soignants, administrations, famille, employeur, etc.) ;

• la résilience face à des contextes émotionnellement difficiles.

Ces compétences ne sont pas théoriques : elles se construisent au quotidien, dans la réalité de la vie avec une maladie chronique, un handicap, ou l’accompagnement d’un proche.

Exemples concrets de compétences développées

Gestion du temps et des priorités

• Planifier une série de rendez-vous médicaux tout en respectant les contraintes d’horaires de travail.

• Anticiper les imprévus (hospitalisation, aggravation de l’état de santé d’un proche).

• Apprendre à dire non, à arbitrer et à se concentrer sur l’essentiel.

En entreprise, cela se traduit par une grande capacité à prioriser, à tenir des délais serrés et à optimiser les ressources disponibles.

Gestion de crise et sang-froid

• Réagir rapidement en cas de complication médicale.

• Prendre des décisions importantes dans l’urgence, tout en gardant la tête froide.

• Coordonner plusieurs acteurs (ambulance, médecin, famille, employeur…)

Au travail, cela nourrit une excellente gestion des situations de crise, un leadership discret mais solide et un vrai sens des responsabilités.

Empathie, écoute et coopération

• Comprendre les besoins d’un proche fragilisé, parfois sans qu’il les exprime clairement.

• Adapter sa communication à des personnes en souffrance ou en situation de handicap.

• Coopérer avec des équipes soignantes ou éducatives.

Dans un collectif de travail, cela se traduit par une grande intelligence relationnelle, une capacité à désamorcer les tensions et à favoriser la cohésion d’équipe.

Adaptabilité et créativité

• S’adapter à des traitements, à la fatigue, aux fluctuations de l’état de santé.

• Inventer des solutions pour maintenir un équilibre de vie (réorganisation du quotidien, dispositifs de répit, aides techniques, etc.)

En entreprise, ces expériences nourrissent la créativité, la capacité d’innovation et une force de proposition souvent sous-estimée.

Des atouts réels pour les entreprises et les managers

Un management attentif ou quelques aménagements simples (flexibilité, télétravail, adaptation ponctuelle des horaires…) permettent à ces compétences de se déployer pleinement.

Avoir dans ses équipes des salariés malades, handicapés ou proches aidants, c’est bénéficier de collaborateurs qui :

• ont souvent une vision plus globale des enjeux humains ;

• sont habitués à gérer l’incertitude et à rester engagés malgré les obstacles ;

• sont plus fidèles et engagés.

  
  

Les entreprises gagnent en innovation managériale, attractivité et fidélisation des talents, climat social, crédibilité de leurs engagements RSE et performance économique (moins d'absentéisme, plus d'emplois inclusifs).

En bref, la vulnérabilité n’enlève rien au professionnalisme. Au contraire : elle élargit le champ des compétences. Pour les entreprises, reconnaître ces talents, c’est gagner en humanité, en performance et en innovation. Pour les personnes concernées, c’est reprendre confiance, se sentir légitimes et transformer une épreuve en ressource professionnelle.

Quelques idées d'actions pour passer de l'idée à la réalité :

• Former les managers au management de la maladie, du handicap, de la proche aidance (posture d’écoute, non-jugement, connaissance des dispositifs existants).

• Intégrer ces compétences dans les entretiens professionnels (ex. gestion de crise, priorisation, empathie, capacité à travailler en réseau)

Pour voir comment valoriser ces compétences dans votre organisation, parlons-en !

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